Le 24 novembre 2020, en France, les contours de la future réglementation environnementale applicable aux bâtiments neufs (RE2020) ont été dévoilés par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. La loi sortira début 2021 pour une mise en application pour le résidentiel et le tertiaire de bureaux au 1er juillet 2021. Dans la continuité des réglementations précédentes et de l’expérimentation E+C-, elle est ambitieuse sur le plan énergétique et pionnière dans la prise en compte du confort d’été et des émissions carbone du bâti.
Cette nouvelle réglementation est le fruit de la prise de conscience en 2015, dans l’effervescence des accords de Paris, de l’importance de la responsabilité du secteur immobilier sur le réchauffement climatique. En France elle représente près d’un tiers des émissions de CO2eq. Au sein de l’Union Européenne, le secteur contribue à 36% des émissions et 48 % dans le monde !
Cette facture est en majorité imputable au parc existant soit aux passoires énergétiques et au recours massif aux énergies carbonées pour le chauffage. Mais la construction neuve n’est pas en reste. Notamment sur la responsabilité des matériaux et produits de construction dans la facture carbone d’un m² construit. L’industrie du ciment représente à elle-seule aujourd’hui 8% des émissions de CO2eq mondiales et 5% en Europe. Pour illustrer la Chine a consommé entre 2011 et 2013 autant de ciment que les USA sur tout le 20eme siècle. Les pratiques courantes ont la vie dure !
Il existe sur ce secteur un gisement d’innovation important notamment sur les produits biosourcés et réemployés. Ce gisement a été confirmé par la stratégie Nationale Bas Carbone qui fixe pour le secteur du bâtiment des objectifs plus ambitieux (facteur 6) que la moyenne (facteur 4) d’ici 2050. Le bâtiment doit montrer la voie de la neutralité carbone. Bénéficiant par nature de moins de contraintes techniques, la construction neuve est désignée par la RE2020 comme pionnière de l’approche bas carbone.
La bonne nouvelle est que le secteur répond présent. Les architectes ont salué la sortie de la nouvelle réglementation venant confirmer leur engagement dans l’architecture bioclimatique, le confort passif et le confort d’usage. Coté industriels, il existe de nombreuses initiatives, à toutes les échelles, pour décarboner nos choix constructifs et réduire l’empreinte du bâti. On ne peut plus construire comme avant sans se préoccuper des conséquences sur le climat et au-delà des risques d’épuisement des ressources. Les plus grands promoteurs ont d’ores et déjà tous expérimentés la conception Bas Carbone et développés leurs premiers prototypes.
Cette nouvelle réglementation est donc un formidable message lancé au monde. Reste à généraliser et démocratiser ces pratiques. Espérons que cette nouvelle orientation réglementaire contribuera à accélérer la réalité des filières et faire reconnaitre le savoir-faire français et européen. Car il y a là probablement plus de réalité économique à moyen et long terme que de rentabilité à court terme.